édito

Briser l’enfermement !

PALESTINE: FILMER C’EST EXISTER (PFC’E) s’est créé en 2012 pour célébrer le cinéma palestinien.

PFC’E donne la place au regard, à la créativité, à l’imagination, à l’humour, aux convictions et aux espoirs des cinéastes palestinien-ne-s. Regard qui parfois exprime la désillusion, la fatigue, le fatalisme et l’impuissance, mais dans lequel se reflète toujours et encore la volonté de résister.

BRISER L’ENFERMEMENT est le thème choisi pour cette 4ème édition, avec l’envie non seulement d’approfondir les nombreux aspects que ce thème comprend, mais aussi de découvrir comment les cinéastes ont choisi de montrer, par la fiction ou le documentaire, les résistances à l’enfermement.

L’enfermement géographique, imposé par l’occupation israélienne, avec le blocus de Gaza, les bombardements, le Mur de l’apartheid, la colonisation, les check-points, les routes réservées aux colons, le non-accès à la mer, l’absence d’aéroport, la coercition administrative (carte d’identité, plaques d’immatriculation, permis)… prive l’individu et la communauté de l’espace nécessaire à ses activités économiques.

L’enfermement social et culturel est renforcé par l’étouffement de l’économie. Quel avenir peuvent espérer les jeunes? Les garçons sont considérés par l’occupant, dès l’âge de 12-15 ans, comme des terroristes potentiels, les filles subissent quotidiennement les humiliations aux check-points et sont confrontées à leurs pères qui refusent de les exposer à cette violence… Les uns et les autres n’ont- ils que le choix de rester entre les quatre murs de leur maison?

L’enfermement carcéral. Depuis 1967, plus de 750’000 Palestiniens ont été emprisonnés – soit près de 20% de la population des Territoires Occupés – en toute illégalité et en violation du droit international. Les mouvements de grève de la faim des prisonniers, récurrents depuis des dizaines d’années, tentent de briser le silence assourdissant des Etats signataires des Conventions de Genève.

Quelles conséquences sur les familles, les femmes, les jeunes, les enfants nés en prison ou grandissant sans leurs parents?

Cette édition se tient dans une conjoncture politique d’éclatement de tout le Moyen-Orient. Il est difficile de ne pas revenir sur cette actualité qui voit les camps de réfugiés palestiniens bombardés encore et encore…Gaza…Yarmouk…

2015 fait une large place à la nouvelle génération de cinéastes palestinien-ne-s qui, pour donner force à leurs projets, s’organisent en collectifs réunissant réalisateurs, photographes, monteurs, compositeurs de musique,..Ils mettent leur expérience technique et leur sensibilité artistique à disposition pour promouvoir le cinéma comme art parmi la jeunesse palestinienne. Par leurs films, ils souhaitent «répondre aux préoccupations de leur communauté et refléter ses rêves et ses espoirs» comme l’exprime Muayad Alayan.

Et ils n’hésitent pas à questionner le système de production cinématographique qui pèse sur le travail des artistes palestinien-ne-s.

C’est le thème de notre Table Ronde 2015.

Pour animer les débats entre public et cinéastes chers à PFC’E, nous sommes très heureux d’accueillir pour cette 4ème édition la directrice du Festival Shashat et six cinéastes, dont quatre vivent en Cisjordanie et à Gaza.
Leur présence à Genève est un coup de poing de plus dans le mur de l’enfermement qu’impose l’occupant!

Françoise Fort, Catherine Hess, Carole Vann
Novembre 2015